Samedi 13 juin 2009.
Très tôt le matin.Journée de figu…
On doit «jouer» les touristes débarquant d’un train Gare du Nord. Un tournage qui ne présage rien de bon en terme de résultat puisqu’une des «têtes d’affiche» ne sera autre que Virginie Effira.
Ca fait peur.
C’est pas grave, moi j’observe, et mon Elfe se repose entre 2 prises.
J’étudie donc de vrais passagers qui se hâtent sur le quai : les fameux «retardataires» dont on a tous fait partie un jour :
On se lève à l’aube (oui, car on a bien sûr pas pu trouver de billet après 7h15) et la veille le chien ou notre tube digestif nous ont épuisé…On a eu , de surcroît, 1 «petite incartade» avec «Jules» qui a fini de nous perturber l’intestin et nous a gonflé les paupières telle une grenouille transgénique.
On sait que le lendemain de toute façon, l’accueil familial dans le Sud (imaginons que nous partions là-bas), ne va pas être des plus chaleureux (- «qui est-ce qui vient me chercher à la gare demain? – «Chais pas…Prends un taxi!» OK, charmant )
C’est pas grave, on espère toujours que les choses peuvent s’arranger sur place, et le réveil, bien que difficile, s’avère POSSIBLE !
Tout va bien, il est prévu de partir pour la gare 1H avant l’arrivée du train. C’est génial, on se dit que l’on va vers le soleil, «bye bye la grisaille !»
Mais la douche et le petit-déj’ passés, étrangement, il ne reste plus 1H de battement comme prévu, mais 3/4 d’heure…
Et soudain, une sueur froide, horrifiante :
-«Où ai-je mis mes billets?!»
On cherche désespérément, tel un labrador-sauveteur-des-montagnes, on traque, les yeux fous, les coupons de voyage perturbateurs…
– «Mais merdeu, c’est quand même pas Dieu possible?!»
On hume l’air nerveusement, on gratte derrière le pouf comme un cochon qui voudrait déterrer une truffe…Non, mauvaise méthode…
Il faut réfléchir, et bien sûr, dans ces conditions, la connexion des neurones du bulbe ne s’opère pas correctement.
Alors on s’en prend à… «Jules»!
-« Putain, mais t’as pas vu mes billets Nom de Dieu de $*&#/?%+=…?»
Et cette symphonie de mots fleuris crée, comme qui dirait, une surcharge d’électricité ambiante.
C’est la merde, le délai n’est plus que d’une 1/2 h…
«Jules» électrocuté, fébrile et tremblant au fond de son lit subitement devenu trop grand pour son petit corps accusé du doigt (- «Toi, oui TOI !! C’est toi qui aurait planqué les billets pour m’en rajouter une couche?!» …Bichette, aussi improbable que s’il pouvait les retrouver)
Oui, car à ce moment précis, le + grand mépris est permis, même infondé et injuste… ON A LES BOULES, MERDE!
Soudain, il OSE :
-« Tu as vérifié dans ton agenda?»
Sans un mot, tendue comme un arc, on se dirige vers ce qui semble être une fausse piste, puisqu’on a déjà TOUT vérifié, et comme l’ON NE PEUT PAS commettre d’erreur, c’est en désespoir de cause que l’on oriente sa main vers le fameux calepin…Et là…
On devine déjà qu’il va falloir s’écraser comme une petite crotte momifiée pour que «Jules» puisse se rengorger comme un coq et reprendre son souffle pour nous enguirlander à propos.
Puisqu’on l’aime et qu’on s’en veut à mourir (en plus, on a plus le temps d’en rajouter)…Soit…
Mais rien…Il ne dit rien… Là , on se souvient pourquoi on l’a choisi lui et pas l’autre connard qui nous aurait encore mise en retard de 5 minutes supplémentaires.
Il nous embrasse tendrement et nous souhaite un joli voyage. Il est juste merveilleux.
(Et nous, toujours cette chose visqueuse en + ramollie)
Le combat n’est pas fini, puisqu’il faut choisir :
1 taxi pour environ 15 euros, ou le métro (on est chargé comme une mule) parce qu’on a pas assez de cash (comme d’hab’) et que, (par la Grâce des Dieux !), il nous reste quand même un ridicule ticket tout fripé au fond du blouson…
On prend ce qu’on a, on trace à ce qu’on croit être la vitesse de la lumière, la valise est lourde, on a des vapeurs, le tournis, tout pourrait partir en cacahuète, mais on s’accroche comme une mouche à une bouse de vache fraîche…
Ca y est, on est à la gare, et «SHEET» , il faut encore débusquer le bon quai; le jaune ou le bleu? Le 12 ou le C ? Au secours, plus que 3 min…Ok, on le trouve. Purééééée ! Il faut ressortir le FUCKING billet pour visionner et ESSAYER d’enregistrer le numéro de la voiture et de la place, tant qu’à faire…Bon on aura que celui de la voiture, la 5.
Mais qu’est-ce-que c’est que ce buisness?!
Comme par hasard, c’est l’avant-dernière du train, plus personne sur le quai, on est seul à en baver, et un petit morveux colle son nez crado sur la vitre intérieure d’un des wagons et vous tire la langue…
Il ne manque plus qu’à se péter une patte en limaçant (car la sensation de «courir» en cet instant n’est que toute relative) , le sac à main sur les chevilles, les mollets explosés à coups de valise surchargée, les tongs dérapantes sous nos pieds stressés…
La confusion est à son comble, le contrôleur siffle…Non, pitié, ne faites pas CAAAAAaaaaa, laissez-moi partir avec ce train…Pitiéééééééé Monsieur, je vous lècherai l’orteil gauche si vous m’attendez juste 1 minute de +…
Etranglée par la anse du vanity, l’oeil hagard, les poumons arrachés, la frange collée au front comme du papier tue-mouches, on distingue le wagon salvateur, tel un oasis dans le désert de Gobie…Courage, plus que 13 coups de tongs visqueuses…